Depuis que mon fils a trois ans, on a mis (et avec raison !) l’accent sur l’identification des difficultés langagières, motrices et sensorielles. Récemment, on a pu identifier des pistes d’intervention pour une autre sphère tout aussi importante : l’anxiété.
Depuis le début de mes vacances, un livre est venu s’ajouter à notre pile de livres : Petit Loup entre à l’école. Conçu pour les intervenants qui travaillent avec les enfants du préscolaire, j’ai moi aussi, comme parent, trouvé mon compte dans ce livre.
Aujourd’hui, je vous invite à faire connaissance avec la «maman» de Petit Loup, Solène Bourque. Elle a gentiment accepté de se prêter au jeu des «questions/réponses»
Merci encore, Solène !
1. Tu peux nous raconter, en tant qu'auteure, la naissance de «Petit Loup entre à l'école» ?
L’idée de ce livre a pris naissance lorsque ma fille Ariane, maintenant âgée de 9 ans, est entrée à la maternelle. Comme elle était en garderie depuis qu’elle avait 18 mois, et qu’elle n’avait jamais eu de difficultés d’intégration ou de socialisation à la garderie, je me disais que tout serait facile pour elle. Or, même si ça s’est relativement bien passé, elle a tout de même eu son lot de questionnements et de petites angoisses. Je me suis donc dit que tous les enfants pourraient profiter d’un tel guide. Et l’idée de raconter l’histoire d’un petit personnage qui vit ses premiers jours à la maternelle m’est venue d’une activité faite dans la classe par Madame Geneviève, l’enseignante de maternelle d’Ariane. Elle avait caché un petit toutou dans un coffre au fond de la classe, disant aux enfants qu’il avait un peu peur de cette première journée d’école. Et elle avait invité les enfants à trouver les bons mots pour le rassurer et qu’il se joigne au groupe. L’idée du guide, avec ses histoires interactives, est partie de cela. Quant au Petit Loup, le personnage principal, il est inspiré de mon fils Thomas que j'appelle ainsi depuis sa naissance et qui vivait sa maternelle en même temps que j'écrivais le livre.
2. «Petit Loup entre à l'école» est ton deuxième livre contenant des allégories. Comment cette façon d'aborder le quotidien et certaines difficultés est-elle venue ?
C’est le livre d’allégories « Les contes de la planète Espoir » de Danielle Laporte, une psychologue et auteure dont je dévorais déjà tous les écrits qui a allumé cette petite étincelle. J’ai alors été suivre une formation afin de mieux connaître « La magie des allégories » (c’était le nom de la formation) et leur utilisation en intervention. J’adore les allégories car c’est un outil à la fois subtil et créatif. Subtil parce que l’essentiel de son travail se fait au niveau de l’inconscient. Et créatif, car il permet à l’enfant de prendre conscience de ses ressources intérieures à travers l’histoire d’un petit personnage attachant. Les enfants embarquent à coup sûr!
3. Il reste deux semaines avant la rentrée des classes. Tu pourrais nous donner des suggestions d'activités ou de discussions à réaliser avec notre enfant ?
Je pense que le plus important est d’être à l’écoute de son enfant. Ne pas banaliser ses questionnements en lui disant que tout va bien aller, parce que ce n’est pas vrai que tout va nécessairement bien à la rentrée. Nouveaux locaux, nouvel enseignant, nouveaux copains de classe, nouvelles règles à apprivoiser. C’est beaucoup pour un Petit Loup de 5 ans! Il faut tenter de mettre des mots sur ses émotions. Ainsi, si on le sent anxieux, lui dire : « Je sens tes petits poings crispés, ton cœur qui bat fort, tu ne te sens pas bien n’est-ce pas? » Juste ça fera baisser la tension d’un cran, assurément. On peut également utiliser des toutous ou des marionnettes pour le faire verbaliser si ça semble plus difficile pour lui de parler de comment il se sent. De dessiner aussi, peut être aidant pour l’enfant. Exprimer sa peine, sa colère, son impuissance de cette façon peut être très thérapeutique.
4. Durant le mois de septembre, notre enfant revient de l'école souvent fatigué, irritable ou irrité et le retour aux routines est parfois difficile. As-tu des trucs ou des conseils qui pourraient aider notre enfant (et nous, par ricochet !) ?
On a souvent tendance à poser beaucoup de questions aux enfants à leur retour de l’école, surtout les premières semaines : « Ça s’est bien passé? » « As-tu de nouveaux amis? » « Tu aimes ton enseignante ? » et on a souvent peu de réponses qui nous satisfont. Il est préférable de miser sur une ou deux questions ouvertes « Parle-moi d’une activité que tu as aimée aujourd’hui. » par exemple et l’écouter attentivement pendant qu’il nous parle (non pas d’une oreille distraite, en préparant le souper). Par la suite, on décroche, on passe à autre chose. L’enfant a besoin d’être dans un autre rythme que l’école une fois à la maison. Alors une fois la petite discussion terminée, on se met de la bonne musique, on danse et chante en préparant le souper. Tout le monde y sera gagnant, les parents comme les enfants!
5. Alors qu'on sait presque tout ce que notre enfant fait au CPE, nous avons moins de communication avec l'enseignant(e) et cela est parfois déconcertant pour les parents. Comment amener notre enfant à nous parler de sa journée ?
Je reviens aux questions ouvertes ici. Au lieu de poser des questions qui se répondent uniquement par « oui » ou « non », on tente de stimuler sa mémoire avec des questions plus précises : « Avec quels copains es-tu assis à ta table en classe? », « Quel est ton coin de jeu ou d’atelier préféré? », « À quoi as-tu joué à la récréation? ». Il est important de garder un bon niveau de communication avec notre enfant. Il doit sentir qu’on est présent pour lui, qu’on s’intéresse à lui, à ce qu’il vit et fait à l’école. On affiche ses « créations », on encourage ses efforts et on lui dit combien on est fier de le voir rendu dans la cour des grands!