Les problèmes et les solutions à l'école maternelle
À l'école maternelle, le jeune dyspraxique va se retrouver rapidement en difficulté, car on lui propose des tâches essentiellement « praxiques » : nous allons essayer de lister tout ce qui peut lui poser problème, puis nous verrons comment l'aider. La dyspraxie atteint les enfants de manière différente (selon son intensité, ses particularités et s'il y a des troubles associés). Tous n'éprouveront pas les mêmes problèmes, mais tous auront des problèmes de manipulation.
Les problèmes qui peuvent survenir à l'école maternelle
Le découpage : l'enfant dyspraxique n'arrive pas à utiliser une paire de ciseaux ou n'arrive pas à découper autour, ou sur une ligne.
Le collage : il renverse la colle, perd les dessins qu'il doit coller, place la colle directement sur le dessin et non pas sur l'envers.
Les gommettes : il a du mal à décoller les gommettes et il ne les place pas au bon endroit.
Le coloriage : surtout avec des crayons de couleur, le coloriage lui demande trop d'effort ; même avec des feutres, il dépasse des limites, parfois il ne regarde même pas ce qu'il fait.
Le graphisme : - il ne peut repasser sur les modèles en pointillés ni dans des « pistes graphiques » où le crayon doit suivre un circuit (par exemple, en forme de U, de ponts) sans dépasser ; - il a du mal à reproduire les lettres ; il n'arrive pas à écrire son prénom, tout juste quelques lettres en bâton déformées. Par exemple, mon fils Benjamin reconnaissait très bien le B de son prénom, il pouvait le décrire : « c'est un bâton droit avec deux ventres », mais il n'arrivait pas à placer les deux ventres au bon endroit sur le trait vertical... (mauvaise coordination œil-main) ; - il ne peut copier un modèle ; - il n'arrive pas à tracer (et à percevoir) les traits obliques ; - il n'identifie pas les quatre coins d'une feuille, d'un espace à deux dimensions.
Les labyrinthes : ce jeu, consistant à faire retrouver son chemin à un petit personnage ou un petit animal en traçant une ligne sinueuse à l'intérieur d'une voie conduisant en lacets à une maison ou à un but, parmi plusieurs propositions, est fréquemment pratiqué en maternelle. C'est un exercice difficile pour l'enfant dyspraxique, du fait de ses problèmes de motricité fine, de repérage spatial et de discrimination visuelle ; certains exercices sont impossibles à réaliser pour lui, par exemple quand il s'agit de suivre un fil entrelacé parmi d'autres.
Les puzzles, les jeux de construction : il n'arrive pas à emboîter les pièces entre elles, ni à reproduire les modèles proposés sur des fiches ; il n'identifie pas les coins d'un puzzle.
Le chant : il ne réussira pas à reproduire les gestes et mimes des chansons, il aura des difficultés à chanter en même temps que les autres enfants ; de plus, il peut avoir du mal à mémoriser les paroles, (il mémorise plus facilement ce qui a du sens, mais pas forcément une suite de mots ; mon fils changeait tout le temps les paroles des chansons pour en inventer d'autres !)
L'éducation physique : il aura du mal à participer quand : - il y a des consignes spatiales : faire tourner les tricycles entre des obstacles ou autour ; - il y a des jeux de manipulation de ballons ; - il faut sauter ; - il faut courir : il est désordonné. Quand il y a trop d'agitation (danse, carnaval), il peut refuser de participer (trop de bruits, trop de mouvements le déstabilisent et le fatiguent) ; par exemple, quand mon fils était petit, il se couchait par terre et refusait de bouger...
Les mathématiques : il a du mal à compter (il doit à la fois réciter la comptine numérique, pointer ou déplacer les éléments d'une collection). Par exemple, lors des rituels, il n'arrive pas à compter les enfants assis sur le banc, il est distrait par leurs mimiques, leurs réflexions. Il doit à la fois se déplacer, pointer vers chaque enfant, tout en récitant la comptine : il est perdu sans l'aide de l'enseignant.
Comment l'aider ?
Pour le langage : - ne pas dévaloriser le langage de l'enfant (il fait illusion, c'est un vernis) car ses productions concrètes ne sont pas à la hauteur de ses discours : c'est la nature même de son handicap. Il retient très bien même le vocabulaire compliqué. Il faut donc chercher à valoriser ses connaissances, son langage, sa logique (même si parfois, il a du mal à organiser son propos ; il sait ce qu'il s'est passé, mais ne sait pas le raconter d'une façon organisée) ; par exemple, mon fils tenait toujours des raisonnements extrêmement logiques et pertinents découlant d'observations et de comparaisons judicieuses, mais il ne le disait pas en classe, c'était souvent quand il se retrouvait au calme (en voiture ou à table) qu'il s'exprimait ; - il peut avoir du mal à se concentrer s'il y a trop de sollicitations visuelles, auditives ; il a besoin de calme et de plus de temps que les autres pour réfléchir. Il faut donc parfois le solliciter par des questions directes, sinon il ne prendra pas la parole devant ses camarades.
Pour le graphisme : - ne pas insister sur l'apprentissage du graphisme : si vous voyez que l'enfant bloque ou n'a pas envie, c'est qu'il ne peut pas réaliser ce qui lui est demandé ; tout dépend également de l'intensité de la dyspraxie et si elle est visuo-spatiale ; - ne pas lui donner à tout prix des fiches de graphisme pour qu'il fasse comme les autres, surtout ne pas lui donner des fiches avec, par exemple, des lignes horizontales ou verticales qui s'interrompent et qui continuent un peu plus loin : il lui est impossible de les prolonger ! Il voit les autres réussir l'exercice et vit très mal son échec ; - on peut utiliser par exemple de la pâte à modeler en relief posée sur une feuille (faire le circuit de la lettre) pour lui faire percevoir le geste à réaliser et toujours commenter le chemin du crayon à l'oral ; - la peinture doit être un plaisir : lui proposer des feuilles grand format, sur plan vertical. Jouer avec les couleurs permet d'obtenir des résultats intéressants (mais pas trop longtemps, car répéter le même mouvement est fatigant) ; - lui proposer des coloriages (sans insister s'il dépasse), éviter les crayons de couleur (à moins qu'ils soient gros), préférer les feutres ; - utiliser les programmes de coloriage et de dessin sur l'ordinateur ; - quand il dessine : noter ses commentaires sur le dessin et valoriser son projet plutôt que la réalisation elle-même ; veiller à ce que les autres ne se moquent pas de ses « gribouillages » ; - mais ne pas l'encourager abusivement ou de façon imméritée pour ses « progrès », afin d'éviter qu'il se focalise sur le graphisme ; - guider sa main tout en commentant verbalement le tracé (on monte tout droit...), en évitant de lui faire regarder ; - utiliser des outils qui glissent bien (pas de crayon noir) ; - utiliser des pochoirs fixés avec de la gommefix. Guy Réveillac1 préconise, pour faciliter le graphisme, l'emploi de « gabarit guide » : formes découpées dans du carton, en négatif ou en positif. L'enfant utilise un feutre ou un crayon qui est guidé par le carton. Mais il convient de ne lui donner des « gabarits » que quand il a compris (conceptualisé) quelle était la forme (triangle, carré...) qu'il voulait réaliser. En effet, l'enfant qui a une dyspraxie visuo-spatiale n'apprend pas les tracés de la même façon qu'un enfant ordinaire. Il est capable de concevoir ses tracés (conceptualiser), mais ses tracés, maladroits par rapport à son projet (même et surtout s'il surcontrôle), le découragent. Le cas de la diagonale est classique : certains enfants ont intégré le « concept » de la diagonale et affirment qu'ils sont incapables de la tracer. Ainsi, à la période de Noël, une fillette IMC (infirme moteur cérébral), avec une dyspraxie visuo-spatiale importante, n'arrivait pas à dessiner des sapins. Grâce à l'utilisation d'un gabarit, elle a automatisé en peu de temps les tracés du triangle et s'est passé des gabarits. Pendant une période, tous ses personnages dessinés ont eu un corps en forme de triangle (sans pochoirs). On peut ainsi constituer une collection de pochoirs adaptés pour aider les enfants porteurs d'une DVS à réaliser des tracés qu'ils conçoivent bien mais ne peuvent réaliser.
Les problèmes et les solutions à l'école primaire
La lecture
L'intégration au primaire de l'enfant dyspraxique sera différente, selon qu'il a ou non des troubles associés (dysphasie, hyperactivité avec trouble de l'attention). Si seuls les troubles praxiques prédominent, il pourra suivre une scolarité normale avec certains aménagements (ordinateur). L'enseignant doit bien comprendre la nature du handicap (par exemple, pour l'enfant DVS qui souffre de troubles de l'organisation du regard) pour analyser d'où viennent ses difficultés et adapter le travail.
Les méthodes pédagogiques les plus pertinentes pour les enfants dyspraxiques visuo-spatiaux ne peuvent que bénéficier aux autres élèves. Le fait d'insister sur les voies auditivo-verbales peut également aider d'autres enfants. Pour conclure, travailler avec des enfants DVS est extrêmement enrichissant et permet de mieux comprendre comment les enfants apprennent certaines notions.
Les enfants dyspraxiques ont généralement une très bonne conscience phonologique et phonémique (surtout si cette compétence a été travaillée dès la maternelle), ce qui va leur permettre d'apprendre à lire normalement en CP. Cependant, les enfants souffrant de dyspraxie visuo-spatiale (du fait de leurs problèmes d'organisation du regard) vont être gênés pour accéder à la lecture « courante », pour la lecture de textes (difficultés à retrouver les informations).
Comment les difficultés surviennent lors de l'apprentissage de la lecture au CP pour les enfants DVS ? Comment les contourner pour rendre les enfants plus autonomes ? Quelles méthodes pédagogiques d'apprentissage de la lecture sont les plus adaptées aux enfants DVS ? Enfin, quels problèmes vont se présenter quand l'enfant va aborder la lecture de textes au CE ?
Les enfants dyspraxiques visuo-spatiaux et l'apprentissage de la lecture : difficultés et médiation
Difficultés possibles : . la plupart des méthodes de lecture au CP sont à départ global pour pouvoir rapidement lire des petits textes, les enfants apprennent à reconnaître globalement des mots (en les photographiant) et à mémoriser leur correspondance orale. Les enfants dyspraxiques visuo-spatiaux ne pouvant mémoriser les mots globalement, on utilisera peu la méthode globale sauf pour les mots outils : dans, sur, avec, sous, et, est... et les mots courts : il, elle, son, vous, petit... ; . les enfants risquent de stagner à un stade de déchiffrage plus ou moins efficace et laborieux. Ils sont très vite fatigués et ne peuvent plus se concentrer car : - ils confondent les lettres :
| . à cause de leurs formes : h/n/r, f/t ; |
| . de leurs orientations : p/q d/b ; |
| . selon la lettre qui précède ou suit ; |
| . selon le type de police utilisée ; |
| . s'il s'agit d'écriture cursive (liée), ils ont du mal à séparer les lettres. |
- ils butent sur les sons complexes : ou, oi, ouin, ain... ; - ils lisent « na » au lieu de « an », ils voient « ou » au lieu de « on » ; - ils ont du mal à découper le mot en syllabes alors qu'ils n'ont aucun problème à l'oral ; - ils oublient des mots ou des lignes.
Comment faciliter la lecture ? : . en adaptant les textes (selon les besoins de l'enfant) ; . en utilisant l'ordinateur pour préparer les textes de lecture ; . en préférant l'écriture script : toujours la même police de caractères (éviter les textes écrits à la main en cursive) ; . en agrandissant les caractères et les espaces entre les mots ; . en utilisant des interlignes plus grands ; . en rajoutant des repères colorés ; . en marquant le début de la ligne d'un point vert et la fin de la ligne d'un point rouge, ou en mettant un trait vert dans la colonne de gauche ; . en surlignant chaque ligne avec des fluos de couleurs différentes mais toujours en suivant la même séquence de couleurs pour que l'enfant puisse savoir où il est ; . en entraînant l'enfant à suivre avec le doigt, mettre le doigt après chaque mot à lire. En utilisant un cache pour séparer les syllabes (pendant l'apprentissage), délimiter le mot, la ligne ; . en plaçant la feuille à la verticale sur un lutrin ; . en vérifiant que l'enfant n'a pas un champ de vision restreint (faire un bilan orthoptique).
Faciliter l'apprentissage de la lecture
Quelles sont les méthodes d'apprentissage les plus adaptées aux enfants souffrant de dyspraxie visuo-spatiale ? Quels principes pédagogiques adopter pour faciliter l'apprentissage de la lecture ? Dès la maternelle, favoriser l'éveil de la conscience phonémique et phonologique chez l'enfant dyspraxique, puis adopter une méthode de type syllabique pour qu'il comprenne « le principe de la lecture ». Ensuite, chercher à améliorer la fluidité de la lecture en automatisant la lecture des syllabes et en utilisant l'opposition syllabique en couleur : méthode d'imprégnation syllabique...
Au préalable en grande section : . faire acquérir une bonne conscience phonémique : par exemple, en jouant avec la méthode de la Planète des Alphas, l'enfant apprend les sons et leur correspondance en lettres (écriture imprimerie, script, cursive) ; . faire également travailler la conscience phonologique : par exemple, savoir séparer les mots en syllabes (en évitant de taper dans les mains, de compter sur les doigts), pouvoir supprimer une syllabe, percevoir les rimes...
Puis favoriser la voie analytique : déchiffrage du mot syllabe après syllabe : il apprend les correspondances entre les phonèmes et les graphèmes, puis comment déchiffrer les syllabes : (f et a = fa, ne pas prononcer f mais fffff) ; il faut alors s'appuyer sur la verbalisation pour l'aider à mémoriser : les relations graphèmes-phonèmes, la fusion syllabique, l'orthographe d'usage ; . insister pour que l'écrit précède la lecture : il doit pouvoir « écrire » les sons, les syllabes avant de pouvoir les lire. Le jeu des Alphas facilite cet apprentissage car il permet de comprendre facilement la fusion syllabique et d'apprendre rapidement comment écrire les syllabes (en utilisant le jeu de carte des Alphas) ; . prévoir des dictées de syllabes, de mots :
| - soit directement sur l'ordinateur en utilisant le logiciel PICTOP, logiciel avec un retour vocal qui permet de faciliter l'accès à l'autonomie ; |
| - soit en utilisant des lettres magnétiques script que l'enfant dispose sur une ardoise magnétique (j'utilise l'ardoise longue avec un encadrement en bois, ce qui facilite le placement des lettres). C'est pratique car les lettres ne tombent plus, on peut les préparer ensemble à l'avance dans le haut de l'ardoise, séparer les voyelles et les consonnes. Il est intéressant que l'enfant puisse manipuler les lettres car il prend conscience : |
| . de l'importance de l'orientation : un b tourné vers le bas devient un q, idem pour le p et le d, le u et le n ; |
| . mais aussi qu'il faut laisser un espace entre les groupes de lettres qui constituent des mots. |
| - soit en utilisant des étiquettes de syllabes mobiles pour reconstituer des mots ; |
. enfin, chercher à automatiser la lecture grâce à la méthode par imprégnation syllabique. Bien que l'enfant ait compris le système de l'assemblage syllabique, il perd du temps à différencier certaines lettres : la lettre t ou f, il ne perçoit pas immédiatement les digraphes (ou, on, an...) par exemple, pour lire « poule », il commence à lire « po » et ne voit pas immédiatement le « ou ». De ce fait, son déchiffrage est hésitant et va gêner le stockage à court terme des mots. Quand il arrive à la fin de la phrase, il ne sait plus ce qu'il a lu :
| - on cherche à automatiser la lecture des syllabes : l'enfant est entraîné à percevoir directement la syllabe en tant qu'entité : |
| . on lui montre des étiquettes avec les syllabes ; par exemple : fou, rou, sou, cou, gou, jou, tou... ; |
| . on lui fait lire directement les syllabes sur l'écran de l'ordinateur : « lecture flash » ; |
| . on lui propose des tableaux de syllabes non-sémantisées. Voir la progression conçue par Dominique Garnier-Lasek2 ; |
| - on favorise la reconnaissance et la mémorisation des sons di-graphes et tri-graphes, en leur attribuant une couleur. On entoure avec un feutre les groupes di ou tri-graphes jusqu'à ce qu'ils soient mémorisés ; |
| - on utilise « l'opposition syllabique en couleur » : pour aider à percevoir les syllabes dans un mot, on utilise deux couleurs pour écrire les syllabes. Par exemple, la première syllabe en bleu, puis la suivante en rouge : « opposition syllabique en couleur ». Au début, les lettres muettes sont colorées en gris. Les mots outils ou très connus sont laissés en noir. |
Nous continuerons avec les difficultés rencontrées par l'enfant DVS, lors de la lecture de textes... L'enfant atteint de dyspraxie visuo-spatiale va avoir du mal à rentrer dans la lecture de textes. Que faire pour l'aider ?
La lecture de textes au primaire
Quand on lui propose de lire des textes : . il ne peut répondre aux questions posées, donnant l'impression qu'il ne comprend pas ce qu'il lit ; . il est très lent pour retrouver une information dont il a besoin (dans ses cours, dans un livre, dans un texte).
Que faire pour l'aider ? : . lui lire les textes, chaque fois que c'est possible et le faire travailler à l'oral ; . lui lire les questions avant la lecture du textes, pour qu'il puisse repérer et surligner de couleurs différentes les extraits correspondant à chaque question.
La présentation est très importante : . proposer un exercice par page, si nécessaire agrandi en A3 ; . choisir une typographie et une présentation simples, structurées et prévisibles ; . pas de mise en page « insolite », l'enfant s'y perd ; . pas de photocopies de mauvaise qualité.
Ces enfants n'aiment pas lire car cela leur demande beaucoup d'efforts. On peut donc : . leur faire la lecture ; . leur proposer des livres adaptés (interlignes plus grands, caractères plus gros) ; . leur proposer des cassettes livres, des livres sur ordinateur (ce qui évite de tourner les pages) ; . leur montrer des vidéos adaptées car ils apprennent essentiellement en écoutant et en observant.
Conseils
L'enfant DVS n'a pas les saccades oculaires indispensables à l'apprentissage de l'automatisme de la lecture : ses yeux effectuent un balayage erratique et désordonné sur la feuille, ils se perdent dans le texte ; il peine dans l'exploration et n'arrive pas à fixer de manière efficace.
L'utilisation d'un petit lutrin facilite la lecture car il permet de positionner la feuille à angle droit par rapport au regard (où trouver un lutrin ? Au rayon papeterie des grandes surfaces, on trouve des sortes de demi-sphères en plastique lestées de sable comportant une rainure dans laquelle on peut insérer une page ; on trouve également des lutrins pliants en bois très pratiques dans certaines chaînes nationales d'opticiens, ou encore des présentoirs pour les livres de cuisine : par exemple, en plexiglass transparent).
L'écriture
Certains enfants dyspraxiques parviendront à écrire, surtout s'ils ont suivi une rééducation (en ergothérapie), d'autres auront beaucoup plus de mal, et il faudra alors privilégier l'écriture clavier. Mais il faut toujours être conscient que, pour l'enfant dyspraxique, gérer laborieusement le contrôle du dessin des lettres est une tâche qui absorbe toute son attention, ne lui laissant que peu de disponibilité pour gérer simultanément d'autres informations, plus conceptuelles : écouter ce qui est dit, faire attention à l'orthographe.
. Il faut avoir conscience que l'enfant a des difficultés en écriture : - à cause de son problème praxique (difficulté à automatiser les gestes) ; - car il va se contracter (phénomène de paratonie) et être encore plus gêné pour écrire ; - car il a du mal à se repérer dans l'espace plan et que tous les balisages destinés à baliser cet espace (les lignes, les marges, les carreaux) vont le perturber davantage au lieu de l'aider. . Il faut limiter l'écriture manuelle autant que possible : - mots isolés, écritures des chiffres ; - prévoir des exercices à trous. . On peut tolérer un graphisme malhabile et agrandi, à condition qu'il soit lisible : l'enfant doit pouvoir se relire. . Ne jamais encourager les aspects « présentation » ni la qualité de l'écriture manuelle aux dépens de la rapidité d'exécution ou de la lisibilité. . Éviter de faire copier l'enfant : Ne pas lui faire copier les leçons, les poésies, les devoirs... car cela engendrerait une fatigue trop importante, copier ne l'aide pas à mémoriser ! Il faut donc : - fournir à l'enfant des photocopies de qualité (présentation, contraste) ou scanner les textes ; - noter les devoirs dans son cahier de textes ou désigner un « secrétaire » (enfant, AVS) pour le faire ; - l'orthographe d'usage doit être apprise oralement (répétition, épellation, étymologie). J'utilise les lettres magnétiques pour travailler l'orthographe, pour renforcer l'apprentissage à l'oral. Cela permet à l'enfant de mieux intégrer la structure du mot et d'effectuer des manipulations sur le mot. Par exemple : le travail sur les homonymes : un saut, un seau, un sot. . Privilégier l'écriture clavier : - il faut inciter l'enfant à utiliser le clavier de son ordinateur ; - il faut valoriser ses productions : présentation, lisibilité, rapidité d'exécution. . Des conseils pour aider ceux qui arrivent à écrire : - ne pas faire copier à partir de modèles, « la copie est toxique » ; - on peut guider la main de l'enfant quand il écrit pour « qu'il sente le geste », il apprend les tracés à l'aide de sa mémoire kinesthésique et non à l'aide de sa mémoire visuelle, il faudra veiller à ce que le tracé des lettres se fasse toujours de la même façon ; - proposer d'écrire ou de tracer sans regarder ; - accompagner verbalement les mouvements (on monte, on tourne vers la gauche et on redescend tout droit, puis on tourne vers la droite...) ; - utiliser des outils qui glissent bien (Velleda, stylo bille gel, feutres...) ; - penser à varier les supports et leur orientation. Exemple : écrire sur un tableau à la verticale ; - utiliser des cahiers qui n'ont qu'une ligne, car les lignages sont bien souvent une gêne plutôt qu'une aide (si l'enfant accepte d'avoir des cahiers différents) ; - si l'écriture cursive est trop difficile pour lui, préférer l'écriture scripte qui élude le problème des attaches entre les lettres, mais en étant vigilant sur les espaces entre les mots qui doivent être plus larges que les espaces entre les lettres (l'écriture scripte est souvent plus facile que l'écriture bâton car il y a moins d'obliques). Il faut toujours que l'activité d'écriture ait un sens : on écrit pour se souvenir, pour communiquer à distance (correspondance) pour raconter, pour remercier, pour convaincre... C'est important d'en tenir compte pour motiver l'enfant. Guy Réveillac compare l'apprentissage de l'écriture avec l'apprentissage (praxique) du dribble au basket-ball. « Un enfant ordinaire apprend à dribbler en regardant le ballon rebondir. Petit à petit, il faut qu'il apprenne à dribbler sans regarder, car le but d'un dribble c'est de pouvoir regarder en même temps la position de ses partenaires et adversaires. Donc, il doit devenir capable de ne se fier qu'à ses sensations tactiles et kinesthésiques et non visuelles. L'enfant porteur d'une dyspraxie visuo-spatiale doit apprendre d'emblée à dribbler sans regarder. C'est sans doute plus long, plus difficile, surtout au début, mais l'objectif reste identique ». Il faut également faire attention à ce que la posture corporelle soit convenablepour éviter que l'enfant ne se contracte en écrivant. Pour un jeune IMC, il faudra peut-être adapter la table selon les conseils de l'ergothérapeute pour faciliter l'écriture (proposer une table évidée au niveau de la poitrine, de manière à permettre un bon appui de l'avant-bras).
Détails pratiques
L'enfant dyspraxique aura amélioré sa dextérité manuelle depuis la maternelle, mais il éprouvera toujours des difficultés pour manipuler et ranger ses affaires. Quelques conseils : - choisir une trousse qui se fermera facilement, avec un gros zip plutôt qu'un clip ; - choisir un cartable à scratch (au besoin fabriquer soi-même des fermetures à scratch passant dans deux gros anneaux) ; - prévoir un pot à crayon, pour qu'il retrouve ses affaires plus facilement sur son bureau ; - lui donner des tubes de colle en stick, des feutres plus gros et des crayons triangulaires (mine plus grosse, préhension plus facile) ; - prévoir des feutres fluos pour surligner et aider aux repérages visuels.
Pour finir, il faut aider l'enfant (c'est le rôle de la famille, de l'AVS) à gérer sa trousse, son cartable, ses différents cahiers... Il faut pallier le manque d'autonomie induit par la dyspraxie. Il ne doit pas être pénalisé parce qu'il oublie ses affaires... Pour motiver l'enfant à utiliser son clavier, choisir une activité d'écriture qui ait un sens, par exemple : la correspondance sur le Net. Au début, quand l'enfant n'est pas performant pour utiliser le clavier, écrire sous sa dictée et lui faire taper seulement quelques mots. Pour se familiariser avec les touches du clavier, lui faire écrire des prénoms ou les noms de ses héros : cela marche très bien avec les Pokémons.
Les problèmes et les solutions au collège
Au collège, de nouveaux problèmes vont s'ajouter à ceux cités précédemment, tels que les changements de salle à chaque cours, une multiplication des enseignants avec les problèmes d'information qui s'ensuivent, une prédominance des mathématiques en tant que matière qui peut poser des problèmes aux dyspraxiques. L'utilisation d'un ordinateur portable est essentielle afin de pallier les problèmes d'écriture.
Les mathématiques : . dissocier raisonnement et calculs numériques ; . éviter les dessins censés représenter la situation-problème, les schémas figuratifs : ils parasitent la réflexion de l'enfant, qui les analyse et les interprète mal : - s'appuyer sur des descriptions verbales très complètes et très précises (des situations-problèmes, des règles de calcul algébrique, des séquences successives de raisonnement, etc.) ; - utiliser systématiquement calculette et programmes informatiques spécialisés ; - éviter les redoublements exclusivement liés aux difficultés en mathématiques et conseiller des orientations vers des voies non scientifiques ; . accepter les difficultés et les échecs en géométrie et en travaux manuels.
L'écriture : . l'enfant dyspraxique doit disposer d'un ordinateur portable ; . la prise de notes par écrit doit être limitée : il faut intensifier l'usage des photocopies et scanner les textes pour les adapter. Prévoir un magnétophone ; . le dispenser de la réalisation de cartes, schéma, dessins.
Être exigeant : . à l'oral, sur la qualité des apprentissages (leçons sues et comprises, applications) ; . en expression écrite (contenu, orthographe, syntaxe). Il faut préférer des classes à petit effectif et des établissements scolaires où les enfants ne changent pas de salle à chaque cours.
Aider l'enfant (famille, AVS, tutorat) à la gestion du cahier de textes, des différents classeurs et manuels. Mettre à sa portée une méthode d'organisation qu'il pourra reprendre à son compte ultérieurement (après 14-16 ans) : il s'agit d'une phase d'étayage.
Françoise Cailloux
Enseignante et mère d'un enfant dyspraxique
Présidente de l'association DMF (Dyspraxique mais fantastique)
Ce document émane du site http://www.dyspraxie.info et a été adapté pour le sitewww.bienlire.education.fr
Voir aussi sur le site BienLire : La dyspraxie (Michèle Mazeau) |
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