28.12.11

Une belle histoire… de dyspraxie

Cette année, de différentes manières, ma fille m’a fait savoir qu’elle souhaitait prendre un peu le contrôle de sa vie.

Nous sommes en effet arrivées, elle et moi, à la fin d’un cycle qui aura duré quatre ans : visites dans différents centres, cliniques et avec une multitude de spécialistes. En quatre ans, quatre diagnostics, des dizaines de pages de rapports et d’évaluations, des jeux pour ré-éduquer, apprendre, valider et confirmer des hypothèses. Et sans compter l’argent déboursé au privé pour arriver à avoir rapidement un service, sans doute l’équivalent de quelques voyages qui n’auront pas eu lieu…

Cet été, j’ai commencé à parler à Sophie de tout ça.

On évoquait les souvenirs de France l’orthophoniste, les jeux de la ferme qui servaient à apprendre à poser des questions.

On se rappelait de la peur des objets qui faisaient du bruit lors des rencontres avec Emmanuelle.

On a chanté encore la chanson de l’attention, montrée par Suzie et Tania.

Et encore, et encore.

Tout ça, dans l’univers de ma fille, c’est la normalité.

On a commencé à discuter de ce qui était différent à l’école. Du fait que Sophie fait parfois des travaux avec l’éducatrice spécialisée. Que des personnes veillaient à ce qu’elle ait un environnement adapté. Une réalité bien différente de ses amies de classe.

À sept ans, la dysphasie et la dyspraxie, c’est plutôt abstrait et difficile à comprendre. Mais avec Sophie, je commence de plus en plus à nommer les difficultés.

Graduellement, je travaille avec elle de manière différente.  Lors des périodes de devoirs et leçons, on discute beaucoup de stratégie. Quoi faire ? Quel geste poser ? Comment travailler efficacement ? 

Je sais qu’en lui montrant “comment faire” (les stratégies), elle sera outillée pour s’en sortir quand elle fera face à des embûches.

Ce soir, pendant la collation, Sophie m’a mentionné qu’en première année, elle n’avait eu qu’une étoile de la dictée et que cette année, elle était déjà rendue à six. Je lui ai répondu que c’est parce qu’elle faisait beaucoup d’efforts et qu’elle relisait et ré-écrivait ses mots souvent qu’elle vivait une réussite (l’enseignante en moi est très fière de transposer ses notions d’enseignement explicite sur ses propres enfants !!!)

Je réalise aujourd’hui que ma fille de sept ans sait qu’elle a des difficultés et qu’elle a le bon réflexe d’aller chercher de l’aide au besoin.

Je réalise aujourd’hui que nous passons à autre étape, le transfert graduel des responsabilités des parents vers la prise en charge par Sophie elle-même.

Je réalise que j’ai souvent mis (trop ?) l’emphase sur les handicaps alors que pour ma fille, c’est simplement le cours normal de sa vie…
Je nous souhaite une belle année 2012.

6 commentaires:

  1. J'aime ta réflexion Isabelle.... pour nous, ce sont des "extras".. pour eux, c'est ça, la vie.

    Je vous en souhaite une belle aussi, tu m'inspires depuis toujours dans ta gestion de tout ça et tu continues encore aujourd'hui, merci!!!

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  2. C'est beau à lire, un témoignage pleins d'espoir et une prise de conscience aussi. Sophie est fantastique, je n'en reviens pas de sa maturité. Je vous souhaite une belle année. Xx

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  3. Quel cheminement pour maman et Fillette.

    Nous n'y sommes pas encore, mais je vais m'en inspirer...

    Quelques voyages!?! Trop vrai, je n'ose y penser de cette façon.


    Et surtout, bravo pour ces étoiles!!!

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  4. Beau billet. L'important, c'est de préserver l'estime de soi et vous semblez y arriver. Miser sur les forces, toujours. En trouver, en créer s'il le faut. Sortir des normes. Ma fille, qui a une deuxième année primaire non-complétée à dix-sept ans et qui aurait tellement voulu aller au cegep et à l'université, m'accompagne cette année aux Belles Soirées de l'université de Montréal. Elle a vu tant de théâtre qu'elle peut tenir une conversation hautement culturelle dans ce domaine, elle a voyagé beaucoup aussi et ce n'est pas fini. Cette année, nous nous initions ensemble à l'opéra et nous sommes aussi débutantes l'une que l'autre. La culture, ce n'est pas nécessairement la scolarisation. Il y a d'autres chemins. Avec un enfant différent, on invente des modèles différents. Nos horizons s'ouvrent. Ces enfants nous enrichissent bien plus qu'on ne le pense.

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  5. «tant d'autres chemins»... parce qu'il y a autant d'individus sur la terre et pas une route n'est pareille.

    Il faut toujours se demande "pourquoi" on fait telle chose, voir la pertinence et la raison d'être. En revenir à ce que ça nous apporte dans notre parcours.

    Merci pour vos commentaires...

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  6. Avec beaucoup de petits gestes, les enfants DYS font de grands pas au moment où l'on s'y attend le moins. Même si c'est difficile au quotidien, il ne faut pas lâcher ! Nos enfants sont conscients de l'énergie qu'on y met, nous, parents. En plus, ils sont tellement attachants !

    Bravo Sophie ! Bravo Isabelle ! Bravo Papa ! Bravo aux autres enfants de la famille !

    Bonne année 2012 !

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