14.12.10

L'intégration, c'est pas juste en classe que ça se passe! (prise 2)


Ma fille de 6 ans fréquente depuis presque 2 ans une école qui offre des classes de langage du préscolaire jusqu'aux plus grands du primaire. Elle est entourée d'une merveilleuse équipe-école (enseignante-orthopédagogue, éducatrice spécialisée, spécialistes en éducation, musique et anglais, etc...) qui travaille fort en collaboration avec les parents (nous!), les spécialistes (centre de réadaptation) et surtout les enfants...

Comme tous les amis de l'école, elle partage les airs communs, la cour de récréation et le gymnase pour le dîner. Elle fréquente aussi, quelques jours par semaine le service de garde après les heures de classe. Elle est alors avec des amis de son âge, venant de tous les groupes (adaptation scolaire et régulier) et elle y vit une intégration harmonieuse.

Des fois, les autres amis me posent des questions ou me partagent des remarques personnelles: "pourquoi Camille ne parle pas?", "Camille ne parle jamais!", "votre fille comprend tout...", "pourquoi elle ne me répond pas quand je lui parle?", "qu'est-ce qu'a veut dire?, "Camille a réussi telle ou telle chose", etc.. À chaque fois, j'essaye de répondre de mon mieux aux questions. Camille parle de plus en plus, alors, je la relance souvent aussi avec des petites questions faciles, l'encourageant à prendre la parole même si elle en est très gênée. Pour moi, ces interventions sont importantes.

Hier, quand je suis allée la chercher, elle était au gymnase et j'ai eu un immense bonheur en la voyant. Ma cocotte si gauche et maladroite sautait à la corde à danser... Oui! Oui! Elle a même réussi au moins trois coups en ligne! Quel exploit!!! Elle qui a de la difficulté juste à marcher sans tomber ou heurter un objet. Son éducatrice tournait la corde (attachée au mur) d'un rythme lent et Camille sautait à son rythme à elle, un coup sur deux par dessus la corde. Pleine de joie, je me suis écriée: "bravo!!!"

Comme dans un film, les images se sont ralenties pour s'arrêter, tous les enfants* se sont tournés vers moi et je leur ai tout simplement dit que pour ma fille, c'était une grande première parce que pour elle, c'était très difficile de sauter à la corde. On a échangé des sourires (les yeux des enfants brillaient comme les miens) et ils sont retournés à leur activité. Ma fille a couru vers moi et en la serrant dans mes bras, je savourais le moment. Nous sommes partis ensemble et le reste de la journée s'est enchaînée.

Mais depuis, je me souviens des enfants qui me regardaient avec des points d'interrogations dans les yeux et je sais que dans mon coeur, ils ont reçu une petite leçon d'intégration et d'ouverture sur les autres, aux différences et aux handicaps. Que les préjugés ont reculé d'un pas. La bataille n'est pas gagné (de toute façon, est-ce que c'est le bon mot!?!), mais on avance, un pas à la fois. Et quand ma fille me demandera la prochaine fois pourquoi tel ami est bon faire tel activité, je pourrai au moins lui dire qu'elle aussi, elle est bonne pour plein de choses, dont sauter à la corde...
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L'intégration d'un enfant différent, c'est aussi au service de garde que ça se passe.
C'est même souvent là que c'est le plus difficile...
Mais quand tout le monde se donne la main,
ça donne de belles histoires.

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Et chez vous, comment se vit les moments passés au service de garde,
aux récréations et au dîners? Heureux? Difficiles?

* Avec les petits, c'est plus facile d'intervenir, je sais... Pour les plus grands, ça demande plus de courage, mais, sur le coup, je n'y ai même pas pensé!

5 commentaires:

  1. Vraiment touchant !
    C'est là qu'on voit tous les efforts que ta fille a dû faire pour en arriver où elle est aujourd'hui !

    Tu peux être vraiment très fière d'elle autant qu'elle doit l'être d'elle-même :-D

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  2. C'est une grosse bouffée de bonheur pour nous les parents quand quelque chose comme cela arrive.
    Ma fille étant encore petite(presque 4 ans), elle est encore en CPE. Depuis septembre, elle a été promu dans un groupe multi-âges.Bien qu'elle ne marche pas encore (avec ses mains dans nos mains, oui) lorsqu'elle voit son amie elle nous lâche les mains pour lui faire un gros calins. C'est tout un exploit pour une petite fille qui n'appréciait pas de se faire prendre par d'autre personne que nous et qui a des défense sensoriels. Disons que j'ai été très émus la première fois.

    Julie

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  3. Bravo Camille! Pour ma part, je peux plus difficilement juger puisque notre fils est dans une classe régulière, sans aucun support. Il n'y a pas une grande différence sur le côté moteur. Mais la prononciation n'est pas encore parfaite, il y a encore pas mal de travail à faire là-dessus. Depuis le CPE, il a toujours été bien accepté par les autres enfants. Encore à notre dernière rencontre avec l'institutrice de sa classe de première année, elle nous disait qu'il était complètement accepté par les autres enfants. Très peu de remarques blessantes même (pour l'instant!)Il a ses amis et son sens de l'humour ainsi que son caractère jovial en fait un petit être attachant (paroles de l'institutrice!) Les enfants sont encore jeunes, j'imagine que les attaques faciles viendront avec le temps. Mais d'ici là, il aura eu du temps pour s'améliorer encore davatange et pour solidifier ses liens avec ses bons amis.
    Voilà pour le vécu de notre côté!
    Kim

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  4. @ La Belle: merci, je suis très fière d'elle et je souhaite partager ce sentiment avec elle!

    @ papaetmaman _de_maelle: Je comprends tellement! Bravo pour ce bel exploit... Profitons de ces petits moments de bonheur!

    @ Kim: merci pour ce partage plein de promesse et de positif, ça donne confiance pour la suite!

    Et bravo pour votre vécu, ;-)

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  5. C'est dingue comme grâce à nos enfants DYS on retrouve les joies simples des petits bonheurs quotidiens ! En vous lisant je me retrouve quelques mois en arrière quand Sasha, tout fier, est revenu d'une séance de psychomotricité au CAMSP en me montrant qu'il savait maintenant enlever ses baskettes tout seul ... J'ai pleuré de bonheur, et lui ai sussuré 1000 fois combien j'étais fière de lui. Qui peu comprendre ces bonheurs simples si ce n'est les mamans DYS ? :)

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