2.10.13

Les relations au coeur de l'apprentissage

Samedi dernier, j'ai assisté au premier Colloque pour les parents, organisé par l'AQETA.
www.aqeta.qc.ca

Parmi les trois conférences que j'avais choisies se trouvait une portant sur le stress et l'anxiété et la relation au coeur des apprentissages des enfants. (Conférence donnée par madame Isabelle Darveau-M Éd)

La conférencière nous a expliqué que l'enfant, lorsqu'il est en situation d'apprentissage, prend toujours un risque.
Apprendre, c'est accepter qu'on ne sait pas et que l'enseignant sait.
C'est être en position de dépendance face à l'adulte.
C'est essayer, risquer, et soit réussir ou se tromper.

Ce risque est présent chez tous les enfants, mais chez celui en difficulté, il peut provoquer de nombreuses réactions.
Il peut provoquer du stress ou de l'anxiété.
Il peut augmenter le sentiment de vulnérabilité de l'enfant.
Il peut causer de la frustration, une diminution de son estime de soi.
Éventuellement, il peut même provoquer un désir d'évitement de la situation à risque. (pensez à l'enfant qui a mal au ventre le matin de son exposé oral ou celui qui dit avoir mal à la cheville alors qu'il avait un examen en éducation physique)

Lorsque l'enfant a développé un sentiment d'attachement, il est plus en mesure de prendre des risques.
Lorsqu'il se sent important, reconnu, encadré, encouragé. Lorsque son entourage le soutient, l'écoute, le sécurise, lui offre affection et empathie, l'enfant, même face à ses difficultés, est plus enclin à prendre le risque. Prendre le risque pour réussir ou se tromper.

Comment est l'enfant en difficulté?
Il a parfois du mal à terminer une tâche.
Il a une faible estime de lui.
Il anticipe presque toujours l'échec et se sent abattu par ceux-ci, ou au contraire, y semble insensible.
Il a des questions, mais il en pose très peu. (convaincu qu'il est le seul à se questionner)
Il fait preuve de rigidité.
Il semble perdre son temps, il cherche à se faire oublier ou à attirer l'attention de manière inadéquate.
Il peut s'isoler, avoir des réactions disproportionnées.
Il est parfois en conflit de loyauté entre ses parents et l'école. (vous savez, cet enfant qui adore son prof que ses parents détestent... il va finir par céder et plier du côté de ses parents, mais il se sent souvent très déchiré par son appréciation sincère de son prof que ses parents détruisent ou dénigrent.)

L'enfant en difficulté scolaire finit par voir l'école comme un lieu négatif.
Un lieu où il a très peu de choix. Après tout, on ne choisit pas notre prof, ni notre pupitre, ni nos camarades de classes, ni les matières, etc.
Il est confronté constamment. Confronté à ce qu'il ne sait pas, à ce qu'il n'aime pas.
Il finit par avoir des punitions, souvent reliées au comportement, mais parfois aussi à son travail bâclé ou incomplet.

Cet enfant en difficulté, dans une classe ou dans votre maison, il est important de s'en RENDRE COMPTE, mais le plus important est d'en TENIR COMPTE.

Pour les aider, il faut établir un cercle de confiance plutôt qu'un cercle de méfiance.
Devant un examen difficile de mathématiques, l'élève en difficulté barbouille un peu autour de sa feuille, demande à aller aux toilettes, échappe son crayon, refuse de terminer ou dérange la classe.
L'enfant ressent (il a peur d'échouer, il sait qu'il ne connaît pas les réponses) .. et il exprime son sentiment.
Si l'enseignant l'interprète mal et le punit, il ne comblera pas le besoin de l'enfant et celui-ci ne s'apaisera pas.
Par contre, si l'enseignant le prend à part, lui offre des outils, du temps supplémentaire, une empathie face à ses difficultés en mathématiques, l'enfant se sentira comblé dans son besoin d'être reconnu et s'apaisera probablement plus.

Comment aider ces enfants?

*En créant une routine stable et un climat affectif sécurisant.
Par exemple, plutôt que d'envoyer l'enfant dans sa chambre retrouver son sourire lorsqu'il revient de l'école de très mauvaise humeur, s'asseoir avec lui et le questionner, pour l'accueillir avec son malheur.

*En développant et en approfondissant nos relations avec eux, que ce soit comme parent ou comme enseignant. Le temps de QUALITÉ est la base.

*En se rappelant qu'ils sont souvent à fleur de peau, en tenant compte de leur vulnérabilité, de leur anxiété.

*Selon certains cas, ne PAS utiliser un système d'émulation pour récompenser un comportement ou une réussite.
Chez certains enfants, ça ne fera qu'augmenter le sentiment d'alarme ou d'insécurité. Il faut valoriser l'effort et non le résultat parce que pour certains d'entre eux, même avec toute la bonne volonté, ils n'y arriveront juste PAS!

L'attachement d'un enfant se développe dès la naissance. En vieillissant, son filet de sécurité grandit. Au départ, ce sont parents et fratrie. Puis grands-parents, oncles, tantes.. Puis enseignants. Puis voisins, entraîneurs, etc.
Comme parent, si on se fait des alliés, on tisse un filet plus serré autour de l'enfant. Plus il est rassuré, plus il est disponible pour les apprentissages.
Comme parent, sachons que quand on n'est pas là, il y a d'autre monde. Ce serait bien fou de croire qu'on peut porter la vie d'un autre être humain sur les épaules d'une seule personne.

Il est tout aussi important de développer une relation élève-enseignant sécuritaire. L'enfant passe le plus clair de ses journées à l'école.

Enseignant, comme parent, devrions mettre en pratique cette phrase, pour amener l'élève à y croire.
"Si je ne peux pas changer les choses, il faut que les choses me changent."
***Je suis différent... et c'est très bien ainsi!!*** n'est-ce pas là notre objectif?



2 commentaires:

  1. Wow, Quelle belle réflexion!!! Si l'école arriverait à mettre en place tout cela, il y aurait beaucoup moins de décrochages et de trouble de comportement... C'est tout un travaille de les garder motivé. Mais ça en vaut la peine car se sont nos adultes de demain....

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  2. Mme Berthiaume, C'est la première fois que je tombe sur un résumé de l'une de mes conférences... Merci d'avoir pris le temps de faire ce partage!

    Isabelle Darveau

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